Une
récente découverte a permis de mettre à jour un caractère
Basque taillé dans des blocs de bronze pour l'imprimerie. On peut le
voir en ce moment à l'imprimerie FERRUS de Biarritz, où Mr.Appat
se fera un plaisir de vous le montrer. Cette fonte a une histoire particulière
: dessinée par Pierre E.LAMAISON dans le début des années
trente, elle fut gravée à un seul exemplaire par un tailleur espagnol,
dans le but d'être exposée et commercialisée. A cette époque,
les gens férus de lettres Basques n'étaient pas légions
et la commercialisation fut un échec pour son créateur. Néanmoins,
son uvre avait été remarquée par des députés
Basques Républicains.
Après la guerre civile espagnole, les relents de culture Basque devinrent
un authentique danger pour le Franquisme : interdiction de chanter dans les
restaurants, couvre-feu, interdiction de se réunir à plus de trois
personnes, tout cela faisait partie d'un arsenal répressif destiné
à mettre les Basques hors-jeu. Le marteau-pilon faisait partie aussi
de cet arsenal et était réservé aux matériels des
imprimeurs Basques d'outre-Pyrénées.
Sauvé de la destruction par un député Basque-Espagnol Républicain,
le casier de lettres prit le chemin de l'exil et vint se réfugier tout
naturellement du côté Français de la frontière, offert
par son créateur à Mr.FERRUS, imprimeur depuis 4 générations
à Biarritz. Cet imprimeur devint le presseur attitré des revues
Basques destinées à être diffusées sous le manteau
en Espagne.
A la mort de Franco, en 1976, une fenêtre de démocratie allait
s'ouvrir au Pays Basque Espagnol. Mr.LAMAISON demanda à Mr.FERRUS de
bien vouloir lui confier le casier de lettres pour le prêter à
une exposition culturelle, organisée par des membres actifs du gouvernement
Basque en exil. Le jeu de caractères avait une puissance symbolique qu'on
imagine encore aujourd'hui... Confié à des gens discrets et responsables,
le casier de lettres devait être exposé sous cloche de verre dûment
cadenassée.
Toujours est-il que de retour en France, après l'exposition, il manquait
suffisamment de lettres pour constituer un alphabet complet, de chaque côté
de la frontière, un casier de caractères d'imprimerie comportant
beaucoup de lettres en double. Les mauvaises langues prétendirent que
c'étaient les officiels Basques eux-mêmes qui avait organisé
finement le vol, afin de fournir leur nouvel imprimeur clandestin, en Espagne
celui-là ! Mr.Pierre LAMAISON mourut peu de temps après Franco,
et ses belles lettres de bronze tombèrent quasiment dans l'oubli, ressorties
à de rares occasions pour tourner sur les machines de l'imprimerie FERRUS.
Là où l'histoire devient cocasse, c'est qu'une des polices Euskara (EMAK-HOR en deux mots) a été conçue à partir de documents écrits venant du Pays Basque Sud, autrement dit, d'Espagne. Et curieusement, certaines lettres sont communes avec l'alphabet de Mr.LAMAISON. Après avoir présenté ce travail à Mr.FERRUS, celui-ci a formellement reconnu les lettres manquantes à son propre casier ! Il s'agit là des lettres disparues lors de cette fameuse exposition, juste après la mort de Franco...
Ainsi,
après de multiples rebonds historiques, cet alphabet va être à
nouveau accessible au grand public, dans la version originale et complète
du jeu de Pierre E.LAMAISON, le seul et authentique alphabet Basque pour l'imprimerie.
Cet alphabet portera le nom d'Euskara FERRUS, en honneur à cette génération
d'imprimeurs qui en a assuré la conservation avec amour et précautions.
Il sera déclinée comme toutes les autres polices de la gamme Euskara,
à savoir en TrueType ou PostScript, aussi bien pour les IBM-PC sous Windows,
que sur les Macintosh, avec une chasse adaptée à la PAO. Naturellement,
le premier n°de série de cette gravure informatique sera remis lors
d'une cérémonie à Mr.FERRUS, pour l'exploitation de cette
licence Euskara sur les ordinateurs de son imprimerie.
EXEMPLES DE COMBINAISONS :